Les délices de Tokyo - Durian Sukegawa
Après mon enthousiasmante lecture de Jeune fille à l'ouvrage, le dernier recueil de nouvelles de Yôko Ogawa, je voulais absolument relire un auteur japonais. Le samedi venu, je me suis donc rendue à ma librairie avec cette idée bien arrêtée en tête. Mais j'habite une petite ville (12'500 habitants) et la librairie n'a pas le choix des grandes chaînes. Bien sûr, il y avait d'autres titres d'Ogawa mais que j'avais déjà lus (ses nouvelles, je suis moins fan de ses romans). Bien sûr, il y avait des romans d'Haruki Murakami mais 1Q84 ne me dit rien et, là aussi, j'avais déjà lu les autres titres disponibles. Après avoir fouillé les rayons, j'hésitais entre Le convoi de l'eau d'Akira Yoshimura et donc Les délices de Tokyo de Sukegawa. Comme j'avais plus envie d'un contexte contemporain que le Japon de l'après-guerre, j'ai donc choisi ce dernier titre.
source: albin-michel.fr |
Ce que j'ai bien failli regretter dès les premières pages, les phrases et le style me paraissant bien triviaux après la poésie, la douceur et la légère étrangeté qui se dégagent des écrits d'Ogawa. Puis, les cinquante premières pages passées, j'ai de plus en plus apprécié ma lecture et j'ai "lâché du lest" sur le style qui, au contraire, m'a paru de plus en plus doux. Et je me suis laissée entraînée dans cette histoire qui associe Sentarô, un jeune homme qui se rêve écrivain mais qui, après être passé par la case prison, travaille dans une échoppe de dorayaki, et Tokue, une
vieille dame qui le convainc de l’embaucher pour préparer le an, la pâte
d'haricots qu'elle prétend fabriquer depuis cinquante ans. Histoire de vous mettre l'eau à la bouche (tant qu'à faire !), voici à quoi ressemblent les dorayaki, des pâtisseries japonaises faites d'une pâte style pancake fourrées d'une farce à base d'haricots azuki (an).
source: zazen-rouge.overblog.com |
Si leur collaboration commence dans le doute pour Sentarô, il est rapidement conquis par les talents de Tokue, ce qui, accessoirement, se répercute sur le chiffre d'affaires. Wakana, une adolescente solitaire vient régulièrement à l'échoppe et se lit avec Tokue. Celle-ci semble d'ailleurs cacher un secret honteux et qui, selon la propriétaire du magasin, pourrait avoir de dramatiques conséquences sur sa survie.
Au final, une jolie lecture, particulièrement dans sa seconde partie, qui aborde notamment le thème des laissés pour compte de la société japonaise de l'après-guerre.
Durian Sukegawa (né en 1962) est poète, écrivain, diplômé de philosophie et de l'école de pâtisserie du Japon (voilà qui est pour le moins hétéroclite !). Il a aussi travaillé comme scénariste et à la radio, ainsi que fondé la Société des poètes qui hurlent (performances mêlant poésie et musique punk rock).
Le billet de Lady Double H.
Le billet de Lady Double H.
(éd. Albin Michel, traduit par Myriam Dartois-Ako, 239 pp., 2016)
Commentaires
Ce qui me permet déjà de découvrir plein d'auteurs ou de titres que je suis sûre d'aimer. Merci. Ma liste s'allonge.
Et "les délices de Tokyo" que je viens justement de relire après la diffusion du film fait partie de mes émerveillements. J'ai même complété le plaisir en cuisinant des doroyaki qui sont assez simples à faire exception faite de la pâte de haricots rouges.
Henning Mankell, Camilla Läckberg, Ragnar Jónasson, Arnaldur Indridason, Ian Manook pour un petit tour en Mongolie, Nicci French
Haruki Murakami, Aki Shimazaki
Et d'autres dont les noms m'échappent ...
Contrairement à certains de vos commentateurs/ trices, j'aime faire des séries d'un auteur dont le permet livre m'a plu, jusqu'a ce que son univers m'étouffe ou qu' 'un de ses livres me déçoive. J'alterne les sombres histoires et l'humour léger ou féroce.
Les choix sont parfois difficiles, se fier au nombre d'étoiles d'un certain site est un peu aléatoire, mais Actes Sud est toujours un premier bon point. .. c'est donc un bonheur d'avoir trouvé votre site, vos analyses et les commentaires qui situent bien une œuvre. Lire ce que j'aime et surtout dėcouvrir.
Comme cuisiner toujours ce qu' 'on ne connaît pas, quitte à ne pas s'améliorer. ... (oui, je suis bien bien obsédée par la cuisine !!)
Malgré les apparences je commente rarement, donc je retourne ... dans ma cuisine !