Portrait de femme - Henry James

source: lloydshepherd.com

Il y a moment que je n'avais pas lu Henry James, un de mes auteurs préférés, et les deux dernières nouvelles m'avaient franchement laissées sur ma faim - pour ne pas dire que je les avais vraiment peu goûtées. Mais depuis le temps que je me disais qu'il faudrait quand même que je lise un de ses "grands romans", je me suis lancé avec ce portrait de femme.

Le portrait d'Isabel Archer, jeune Américaine de dix-neuf ans qui, à la mort de son père, est invitée par sa tante Mrs Touchett à voyager avec elle en Europe, afin de parfaire son éducation culturelle et s'immerger dans la vie en société. Elles arrivent en Angleterre, à Gardencourt, la demeure familiale où Isabel fait la connaissance de son oncle, banquier américain installé depuis de nombreuses années en Angleterre, de son cousin Ralph, dont la santé est fragile, puis de Mme Merle, une amie de sa tante. Isabel, d'un naturel léger et enjoué, s'entend très bien avec tous, particulièrement avec Mme Merle qui l'encourage dans ses aspirations de découvertes (pays, cultures, société, etc.). Peu après, elle reçoit la visite de son amie Henrietta, une jeune femme indépendante qui travaille comme journaliste pour une revue américaine. Isabel rencontre également Lord Warburton, un richissime propriétaire voisin qui la courtise, mais dont elle repousse la demande en mariage, estimant qu'elle doit (et veut) encore profiter de la vie avant de "se caser". Lord Warburton n'est d'ailleurs pas le seul à être sensible au charme de la jeune fille, car Gaspard Goodwood, un jeune Américain qui dirige les entreprises familiales de filature, à traversé l'Atlantique pour lui demander sa main - ce qu'il avait déjà fait avant le départ d'Isabel. Peu après, Mr Touchett décède et, à la demande de Ralph, lègue la moitié de sa fortune à Isabel qui devient donc une femme riche. 

Mrs Touchett propose ensuite à Isabel et Ralph d'aller passer quelque temps à Florence où elle possède une villa. Mme Merle les y rejoints et présente à Isabel un de ses meilleurs (et plus anciens) amis, Mr Osmond; un Américain de petit noblesse aux moyens semble-t-il assez limité. Il a une fille d'une douzaine d'années, Pansy, qui est élevée dans un couvent à Rome. Isabel est séduite par son non-conformisme apparent et, un an plus tard, elle l'a épousé et le couple s'installe à Rome.

Le roman fait alors un saut temporel de quelques années et on retrouve Isabel qui, entretemps, a passablement déchanté de son mariage dont elle se sent prisonnière, triste et subissant les humiliations de son époux sur pratiquement chacune de ses actions. Ses amis tentent de l'aider et l'inciter à quitter son époux, mais le caractère enjoué et ingénu d'Isabel a disparu; elle est résignée, elle tient aux vœux et serment prononcés, et ne peut s'imaginer désobéir à son époux avec lequel elle ne s'entend pourtant pas. Ses seuls "échappatoires" sont ses "soirées du jeudi" auxquelles participent la bonne société, Pansy (qui a rejoint le couple), et son cousin Ralph qui, pour sa santé, séjourne fréquemment à Rome. Il est d'ailleurs la source de conflits entre Isabel et Mr Osmond; celui-ci n'aime pas Ralph et ne comprend pas pourquoi son épouse doit / se sent obligée de lui consacrer autant de temps en allant lui rendre visite à son hôtel.

Comment tout cela va-t-il se terminer ? Ah, ah, et bien lisez ce beau roman !
source: cianapullen.blogspot.com

Certes, c'est un pavé de 680 pages et la première moitié (env. jusqu'au mariage) est passée très rapidement et m'a énormément plue. J'ai eu un peu plus de mal ensuite, car j'ai trouvé que l'intrigue se diluait un peu; je ne voyais pas trop où l'auteur voulait en venir, je ne comprenais pas très bien les liens Mr Osmond / Mme Merle même s'il est clair qu'elle a incité / arrangé le mariage - mais pourquoi ? Quel est son but ? Bref, il y a un petit côté Les liaisons dangereuses mais sans la clarté et la "méchanceté" du roman de Laclos. Je pense que sur ce point, j'ai été un peu "trompée" par rapport à ce que j'avais lu sur le film de Jane Campion qui, apparemment, se focalise essentiellement sur ce point. Alors que dans le roman, non. Toute la seconde partie offre une large part à Pansy, puis à la maladie de Ralph jusqu'à son retour en Angleterre et la conclusion du roman.

Cependant, à chaque fois que j'ai repris le roman après un "coup de mou", j'ai été séduite par son écriture, son élégance, son intérêt dans les réflexions menées par les personnages et destinées à faire réfléchir le lecteur. Je souligne d'ailleurs que j'ai trouvé la traduction très bien.

Une bonne lecture que je vous recommande.

(éd. 10-18, 690 pp., traduit par Claude Bonnafont, 1995)

Commentaires

Theoma a dit…
Tu as raison, il faut lire Henry James !
Lilly a dit…
J'ai eu énormément de mal avec le dernier James que j'ai lu, alors ton coup de mou dans la deuxième moitié malgré ton amour pour l'auteur ne me guérit pas de mon aversion pour lui... Je pense qu'il restera encore un bon moment comme l'un des grands auteurs qui me résistent.
niki a dit…
tu prêches une convaincue pour la lecture d'henry james :)
mais dis moi,tes vacances sont très profiteuses au niveau lectures
lewerentz a dit…
Lequel as-tu lu, Lilly ?
lewerentz a dit…
Oui, mais en l'occurence, celui-ci, il y a déjà une bonne semaine que je l'ai terminé et je l'avais commencé avant les vacances... qui sont terminées - j'ai repris ce matin.
lewerentz a dit…
Merci pour ton passage, Theoma.
keisha a dit…
Il me semble avoir lu un de ses (courts) romans, mais bon, ça manque quand même, un bon gros roman de cet auteur!
zarline a dit…
D'Henry James, je n'ai lu que Le tour d'écrou dont je n'ai presque aucun souvenir. Il faudrait que je retente cet auteur à l'occasion. As-tu une recommandation?
lewerentz a dit…
Mon préféré est vraiment "Washington Square", puis "Le tour d'écrou", puis "Daisy Miller" (nouvelle).
zarline a dit…
Merci!!! Je prends note ;-)
maggie a dit…
Je ne savais pas qu'il faisait partie des auteurs que tu aimais. J'ai ce roman depuis des années dans ma PAL . Il faut que je le ressorte ! Je n'avais pas trop aimé l'adaptation avec Kidman mais c'est vrai que James a une très belle écriture et analyse toujours finement les sentiments
Ingannmic, a dit…
Je viens de lire Ce que savait Maisie, et j'en retiens sensiblement la même chose : la lecture avait un côté par moments fastidieux, mais j'étais en même temps séduite par l'écriture de l'auteur... et par la finesse avec laquelle il dépeint les rapports entre ses personnages.
J'avais personnellement été déçue par Washington Square, agacée par l'héroïne..
J'ai lu Le tour d'écrou il y a longtemps, et je n'en ai gardé aucun souvenir hormis le fait qu'il m'avait beaucoup plu. J'ai l'intention de le relire, mais je ne suis pas sûre que je m'attaquerai à d'autres titres de cet auteur..

A bientôt !

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